Le 23 novembre 2015, les acteurs principaux sont montés sur scène... une drame fascinante pour nous tous à suivre et à applaudir fortement.

Rennes, le 23 novembre 2015

Monsieur,

Nos propos partent d’un constat : le canal est un milieu privilégié d’intérêt touristique, hydraulique, patrimonial et écologique (trame verte et bleue). Les voies d’eau en Bretagne sont de ce fait d’un intérêt majeur. Nous profitons d’un moment exceptionnel pour la commune de Mûr-de-Bretagne pour vous solliciter. En effet, cet été 2015 a vu l’assec du lac de Guerlédan. Cet événement exceptionnel a pu attirer des milliers de touristes au cœur même de la Bretagne, avec des retombées économiques certaines (autant de visiteurs à Guerlédan qu’au Mont Saint-Michel durant cette période !). 

De par sa position centrale pour la Bretagne, y créer un intérêt touristique permanent de premier ordre serait bénéfique pour la commune comme pour l’ensemble de la région. Il s’agit donc de réveiller un projet enterré depuis le début du XX° siècle lors de la création du barrage. Le gestionnaire du barrage à l’époque s’était engagé à maintenir la navigabilité du canal de Nantes à Brest. Depuis lors, le barrage est resté un obstacle à cette navigabilité et ampute la région d’une voie d’eau, qui devrait être considérée comme une véritable colonne vertébrale du tourisme et de l’activité en centre Bretagne.

Aussi, la municipalité de Mûr, consciente de cet atout, a acquis une réserve foncière de l’ordre de 20 hectares, adjacente au barrage avec un bassin de 4 hectares profond de 9 mètres.

Le projet ambitieux consiste à construire un ouvrage moderne de franchissement du barrage. Il permettra :

-          D’assurer la navigabilité, de rouvrir une voie navigable de Nantes à Brest dont la seule mention suscite des envies de tourisme,

-          D’inciter un tourisme d’ingénierie, drainant des milliers de curieux venant visiter un ouvrage exceptionnel où l’on peut observer des bateaux franchir 45 mètres, embarquer à bord d’une embarcation le temps d’une balade « dans les airs »…

Il nous faut mettre les énergies et les envies dans un mouvement fédérateur. Un tel projet est forcément un investissement important. A titre d’exemple, la roue de Falkirk en Ecosse (photo ci-dessous) a coûté 17 millions de livres et reçoit près de 400 000 visiteurs chaque année.

En tant que Président de l’association CANAUX de BRETAGNE, je prétends défendre les intérêts des membres de l’association au nombre de 230 adhérents. Parmi ceux-ci : des élus locaux de communes ou communautés de communes ayant la charge du tourisme sur leur territoire, des professionnels dont l’activité est liée au dynamisme du canal, des associations qui vivent autour du canal, des navigants qui par leur lobby œuvrent pour le maintien de la voie d’eau et participent à son attractivité. Le sujet du franchissement de Guerlédan est un sujet récurrent en notre sein. La navigation est importante aujourd’hui entre Rohan et Redon. Poursuivre au-delà de Rohan représente un franchissement de nombreuses écluses, qui ne peut être motivé que par une visite à Pontivy, et/ou une croisière sur le Blavet aval. De Pontivy à Guerlédan, nul bateau ne vient s’engager puisque confronté à cet écueil infranchissable. En faisant sauter ce verrou, nous assurerons une jouissance accrue du merveilleux lac de Guerlédan, nous pourrions rouvrir la navigation jusqu’à Brest, engendrant des retombées économiques indéniables. 

En tant que Maire de Mûr de Bretagne, j’ai rencontré les représentants d’EDF notamment de la Division Production Ingénierie Hydraulique de Dinard, chargés de la mission Eau Environnement Vallées Bretagne et Normandie. Il m’a été confirmé tout l’intérêt d’un tel projet lequel, qui pour la première fois, n’impacte pas le site de production électrique, ni le périmètre de protection du barrage et qui surtout n’est pas consommateur d’eau, source d’énergie pour l’ouvrage hydroélectrique.

Cette réalisation, comme le Futuroscope de Poitiers et autres grands projets contemporains, marquera une mandature régionale et donnera à la Bretagne l’image d’une région pionnière, moderne et créative.

C'est en ma qualité de Président de la Fédération Régionale des Offices de Tourisme de Bretagne que j'approuve pleinement cette demande d'étude de franchissement du barrage de Guerlédan. 

En effet, ce projet permettrait de redonner du sens à ce canal qui irrigue notre région de Nantes à Brest. L'impact de cette réhabilitation développerait incontestablement la navigation fluviale mais aussi renforcerait inévitablement l'attractivité touristique. Une telle réalisation compléterait une offre de qualité avec des retombées économiques certaines pour notre région et plus particulièrement le Centre Bretagne à l'instar de ce qui se passe autour des autres canaux de France (Bourgogne, Midi, etc). 

J'avance également un autre argument de poids : une demande de plus en plus prégnante des habitants et des visiteurs de voir se développer des déplacements doux et la mise en valeur de ce patrimoine. 

Ce projet est-il sensé, est-il économiquement viable ? Il nous faut disposer d’une étude pour en démontrer l’intérêt. La Région ayant la compétence « Tourisme » et étant propriétaire des voies d’eau, est l’organe désigné pour mener ce type de réflexion. Avant même d’engager le moindre euro dans une telle étude, il faut une envie politique que, j’espère, vous partagez. Aussi si cette période électorale, temps des engagements politiques, est propice à cette sollicitation, nous nous permettons de vous écrire parce que la commune aujourd’hui vit l’après assec du lac et profite encore de l’afflux des populations, parce que le 22 octobre dernier, nous avons co-organisé avec le Comité Régional de Tourisme une journée technique qui a pu démontrer le formidable dynamisme des acteurs pour que ces lieux splendides puissent être partagés par le plus grand nombre.

Nous souhaitons vivement que la Région puisse s’engager dans une étude de faisabilité d’un tel projet. Dans l’attente de votre position à ce sujet, recevez, Monsieur, l’expression de nos sincères salutations.